2 juil. 2010

Mimétisme indigent.



Choisir le prénom de son enfant, quel casse-tête! Il faut tomber d’accord sur quelque chose d’original mais qui ne soit pas non plus un handicape, essayer de coller à l’époque... Un prénom c’est pour la vie, et on a tous croisé un jour une personne qui maudissait ses parents de lui en avoir donné un bien naze.

Je me souviens d’un François-Xavier, qui tenait à ce qu’on l’appelle FX, d’un Jean-Robert qui cachait méticuleusement son identité derrière un JR très tendance (enfin pour les fans de Dallas); et surtout d’une Guillaumette qui supportera toute sa vie sur son état civil la déception de ses parents qu’elle ne fut pas un garçon.


Comme je travaille souvent avec des enfants, j’ai le loisir de voir changer subtilement les prénoms à la mode. Un truc que j’ai remarqué est la tendance de plus en plus répandue de leur donner des prénoms anglo-saxons. Ainsi j’ai déjà bossé avec des Johnny, des Kate, des Eddie etc. je ne vais pas vous faire tout le calendrier, vous avez compris. Les plus perspicaces d’entre vous aurons même vu où je voulais en venir.


Non, pas du tout à l’impérialisme anglophone, mais au fait que ces gens fascinés par l’ambiance « Hollywood Avenue», donne souvent à leurs gosses des surnoms. Si vous voulez c’est un peu comme si un américain après avoir visité la France décidait d’appeler son fils Manu ou sa fille Béa.


En effet Johnny est le surnom infantile qu’on donne à John (Jean en anglais), Kate ou Katie est le diminutif de Katherine (Isabelle au Malawi), et Eddie le diminutif d’Edward (Fernand dans la Grèce antique).


Eh oui les anglais, (et les américains d’avantage) utilisent les diminutifs de façon bien moins familière que nous. Il n’ya guère que dans les moments emphatiques et les activités purement administratives qu’on commence à se montrer scrupuleux avec l’état civil.


Ainsi par exemple, les vrais noms de la famille Simpson sont :

-Homer

-Marjorie (Marge)

-Bartholomey (Bart)

-Elisabeth (Lisa)

-Margaret (Maggie)


Bref, je suis assez amusé par ce snobisme mal éclairé. Je ne vous parlerais même pas de certains cas surréalistes car ma démarche ici n’est pas d’en rajouter au fardeau de ces pauvres gosses.


Les modes étant ce qu’elles sont, certaines tournent court. A un moment la grande mode était d’appeler son fils Kevin, tant et si bien que cette génération emblématique arrivée vers l’âge de 12 ans, est devenu un quolibet peut amène sur internet. Les kevins(sic) étaient devenu l’archétype du casse pied capricieux, handicapé de l’orthographe et insupportable d’immaturité. (Guilde sérieuse recherche des joueurs motivés, kevins s’abstenir…) Il y’a même eu une association pour lutter contre ce stéréotype (un peu comme l’inoubliable lutte des Ginette contre Jean Roucas).


Un prénom qui m’amuse beaucoup aussi c’est Robert, franchouillard à mort, chargé de toute la ringardise hexagonale. Personne aujourd’hui n’appellerait son fils Robert. Pourtant demandez autour de vous qu’on vous donne le nom d’une célébrité se prénommant Robert, on vous répondra rarement Hue, Bidochon ou Laffont mais presque toujours De Niro, Mitchum ou Downey Jr : des ricains…allez comprendre.


Robert c’est mon deuxième prénom, c’est vous dire si j’ai fait le tour de la question.


J’ai une pensée émue enfin pour tous les Jean-Luc qui, dans les cours de récré, ont bien souffert de notre passion naissante pour la contrepèterie, mais là les parents n’avaient peut être pas vu le coup venir. Je dis peut-être parce qu’il y’a d’authentiques sadiques. Je me souviens que dans les années 90 la justice avait interdit à un couple portant le patronyme « Renault » d’appeler leur fille Mégane, quelque chose me dit qu’aujourd’hui elle fait des études de droit le cœur gonflé de reconnaissance.