21 oct. 2009

Nostalgie et coup dans le dos.

Souvenez-vous, nous sommes au début des années 90. Dorothée a quitté antenne 2 pour TF1 et remplie ses grilles avec de la série japonaise achetée au kilo. En même temps les japonais ne se foutent pas de tf1, les kilos de bobines renferment ce qui se fait de mieux à l’époque et va largement contribuer au succès du manga chez nous. (St Seiya, Dragon Ball, City hunter, Ranma, Hokuto no Ken, la liste est longue). Le problème car il y’en a un, c’est que ces programmes sont vite traduis et balancés sur les ondes sans même avoir été visionnés. C’est ainsi qu’une génération de minots ont mangé leur 4 heures devant Ken le survivant en compagnie de leurs parents estomaqués par ce qui défile à l’écran.
Les plaintes ne tardent pas à se faire entendre. Ségolène Royal va devenir le Godefroy de Bouillon de cette croisade anti-manga (à tel point que sa possible élection a beaucoup inquiété l’industrie du manga au japon). Dans un bouquin au nom inspiré de "Le ras-le-bol des bébés zappeurs" les mots ne lui manquent pas pour fustiger les programmes pour la jeunesse de la bétonnée chaine de droite. Le CSA réagit, et sanctionne la chaine.


"Communiqué du Conseil supérieur de l'audiovisuel : les 5 décembre 1990 et 3 janvier 1991, dans le cadre du Club Dorothée, T.F. 1 a diffusé des émissions comportant des scènes de violence ou de sadisme. De telles scènes, diffusées au cours d'émission destinées aux enfants, peuvent heurter gravement leur sensibilité. "Conformément à la loi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel demande à T.F. 1 de prendre les mesures nécessaires pour que de telles fautes ne se reproduisent pas." Art.2.- Le communiqué dont le texte est fixé à l'article 1er sera diffusé immédiatement avant le journal de 20 heures, le 28 mai 1991.

Bientôt, c’est un quota de séries françaises qui est imposé à la chaine, et l’arrivée de réussites incontestables telles que "premier baiser", "Helene et les garçons", "Les filles d’à coté", "Le miel et les abeilles", "Les 2be3" (ouais ouais quand même…) mais aussi de "salut les musclés" qui sonne définitivement le glas des japoniaiseries consternantes pour nous élever à un niveau de qualité jamais égalé. Dans cet écrin de sitcoms décadents, brille discrètement un joyau du coup bas, un hymne à la mesquinerie "Marotte et Charlie".
Pour bien comprendre la portée de ce monument au mauvais goût, il faut savoir que les deux nénettes talentueusement interprétées par Jacky et Patrick Simpson Jones, s’inspirent de Marie Dauphin et Charlotte Kadi, anciennes complices de "récré A2" restées courageusement sombrer avec l’ex émission de Dorothée.


Bon alors attention, cette vidéo n’est efficace que si on la visionne dans son intégralité. Prenez une grande inspiration, c’est du lourd ! Personnellement, je préférais Ken le survivant, mais bon, les goûts et les couleurs…



Ce blog décline évidemment toute responsabilité en cas de saignements oculaires ou auditifs, ou en cas de crise d'épilepsie.

4 oct. 2009

Stand-up (le syndrome Gad el Maleh)

Le stand-up est une forme d’humour importée directement des états unis. Contrairement à l’humour européen hérité de la tradition du cirque, de l’auguste et du clown blanc (comique de situation), le principe du stand-up consiste à s’adresser directement au public. Peu d’effort de mise en scène, plus besoin d’incarner des personnages et un contacte direct avec le public, que d’avantages pour l’artiste velléitaire et vaniteux.

Le principe du stand up est simple pour ne pas dire simpliste, il suffit de s’adresser au public avec une sentence liminaire du genre :

"Je ne sais pas si vous avez remarqué…". Ou alors : "Je ne sais pas si comme moi…" Là-dessus vous enchainez avec une évidence un peu absurde, et prenez une pause qui doit exprimer à la fois, incompréhension, lassitude et incrédulité, on l’appellera la "pause stand-up".


Exemple :

"Je ne sais pas si comme moi vous recevez beaucoup d’appels téléphoniques ? (attendre la réaction du public), Je ne sais pas si vous avez remarqué que le téléphone sonne toujours quand vous êtes dans votre bain (pause stand-up). Heureusement maintenant avec le portable on a toujours le téléphone à portée de la main… Mais moi à chaque fois que je vais prendre mon bain j’oublie mon téléphone dans le salon." (Rire du public).

Voilà, et vous enfilez ainsi les perles pendant deux heures.

La queue à la caisse qui n’avance pas, le parapluie qu’on a oublié quand il pleut, la feuille de salade dans les dents, ce ne sont pas les idées de génie qui manquent.


Cela dit attention ! Quand on fait une blague sur un sujet absurde la première précaution à prendre est de s’assurer que l’on a bien compris, et qu’on exprime une vraie absurdité, au risque de passer pour un abruti. Si je dis ça c’est parce que je me suis infligé par curiosité masochiste le dernier spectacle de Gad (papa est en haut), et que j’y ai relevé quelques absurdités artificielles.

Ainsi, dans ce show nous fait-il cinq longues minutes sur la chanson éponyme, s’étonnant que le lolo personne ne sait ce que c’est, et que Colas c’est un prénom que personne ne connaît. Il faut vraiment être con ou de très mauvaise foi pour ne pas savoir que le lolo c’est du lait et que Colas est à Nicolas ce que Bébert est à Albert.


Je ne vais pas passer en revue tout le show, mais je tiens quand même à verser cette autre pièce au dossier : A un moment du spectacle il s’étonne qu’après une rupture on lui dise "une de perdue, dix de retrouvées" argumentant que jamais après une rupture tu retrouves dix nanas en train d’attendre en bas de chez toi.

Et là je me dis qu’en fait ce type est un crétin sans aucune culture. En effet, "un de perdu dix de retrouvé" est un dicton qui dit que lorsqu’on se met à chercher un objet perdu on a des chances (dix selon l’adage donc) de retrouver également d’autres affaires égarées. Alors que l’expression dérivée concernant la rupture c’est : "une fille de perdue c’est dix copains qui reviennent".

Et j’en ai relevé comme ça tout le long de son interminable prestation. Quand par paresse ou par bêtise on va chercher de l’absurde où il n’y en a pas, on peut honnêtement s’étonner que le public rigole (pause stand-up) (rire du public)… C’est calculé, un rire toutes les dix secondes.


Je sais je suis un peu vache avec Gad, le pauvre n’est pas le seul à avoir cédé aux sirènes de la facilité, en fait c’est malheureusement un style qui fait école. Le truc c’est que j’étais invité à voir ce spectacle en live, et que j’ai diplomatiquement réussi à me tirer de ce guêpier en offrant ma place à une vraie fan. D’une pierre deux coups, j’ai échappé à une soirée mortelle qui promettait de me foutre de mauvais poil pour au moins trois jours, et j’ai pu faire plaisir à quelqu’un.


Je ne sais pas si vous avez remarqué que les comiques sont de moins en moins drôles ?

(Pause stand-up)