6 avr. 2009

Chuck Palahniuk


Comment vous présenter Chuck Palahniuk ? Par quel bout le prendre ?

Ecrivain autodidacte américain à l’ascension chaotique, trash sans complaisance, poétique à sa façon… Je n’ai malheureusement pas sa prose, et les mots me manquent pour exprimer le choc que fut la lecture de ses livres. Je les ai même achetés en double pour pouvoir les prêter tout en les ayant encore sous la main. D’ailleurs depuis les doubles ont disparus, et j’espère c’est qu’ils continuent à tourner de mains en mains.

Connu à l’occasion du succès de Fight-club, le film tiré d’un de ses livres, Palahniuk s’est vu traduire et apparaitre sur les rayons des libraires qui le classent tantôt dans la SF, tantôt dans les polars, ayant bien du mal eux aussi à cerner son univers.


Les histoires de Palahniuk sont rarement moralisatrices, s’il y’a une morale à en tirer, c’est au lecteur de faire le travail et de l’extraire. Son univers atypique et destroy est pavé de surnaturel, d’exceptionnel, de naturel et de banal, un mélange explosif où tout est à sa place, c'est-à-dire où il n’aurait jamais du se trouver. C’est toute l’histoire de Fight-club:

Niaiserie fascisante pour certains, avertissement clairvoyant pour d’autres, le film qui a pourtant édulcoré le récit, a reçu des critiques qui sont assez révélatrices de ce que le public peut ressentir devant une telle bizarrerie livrée sans mode d’emploie.

Fight-club c’est l’histoire d’un homme à qui on a livré un monde parfait clé en main, et qui rompt avec.

Une rupture avec le consumérisme masturbatoire, qui va le mener à une révolution potache qui va finir par le dépasser et par l’entrainer dans une spirale cauchemardesque qu’il ne contrôle plus. Et c’est bien là toute sa hantise : perdre le contrôle. Démonstration d’un monde de doubles contraintes où la seule issue raisonnable semble être la schizophrénie, Fight-club est une histoire étrange, parfois violente, parfois dramatique, mais (aussi curieux que ca puisse paraître) souvent drôle.


Dans survivant, Palahniuk, au travers d’un esclave pratiquement caricatural, nous livre une analyse décalée et sagace de l’asservissement du haut ou du bas. Il nous conte l’évolution d’un esclave par nature, qui va s’élever à l’esclavage VIP en devenant un télévangéliste toujours sous contrôle. Il décidera de se sauver lui-même en détournant un avion dans lequel il raconte son ascension en attendant de s’écraser. Un récit à rebours ponctué comme souvent dans la prose de Palahniuk, d’anecdotes, d’analogies, et de personnages hauts en couleurs.


Alors qu’il se livrait pratiquement à un éloge du sexe pour le sexe dans survivant, (point de vue d’un esclave qu’on castrait littéralement par le dégout du sexe), Palahniuk enchaine sur Choke, l’histoire d’un "sexolique", d’un esclave du sexe cette fois-ci. L’histoire d’une bande de branleurs dans le sens le plus strict du terme. Un étonnant chassé croisé de destins où le héros va littéralement devenir un sac à merde alors que son acolyte présenté comme un morveux un brin loser va dans sa fièvre de construire lui voler peu à peu tout le sublime.


Palahniuk a une tendance assez efficace à mettre du surnaturel où il n’y en a pas, à nous montrer un monde sordide et parfois déprimant par l’aspect incongru et même magique qu’il peut revêtir. Souvent on se sent prêt à basculer dans un surnaturel qui ne vient jamais.

Aussi quand dans Berceuse il décide de nous faire traverser le miroir, c’est sans trop de méfiance qu’on l’y accompagne.

Berceuse nous narre l’histoire d’une incantation qui tue, publiée par mégarde dans un livre de comptines pour enfants. Un groupe d’aventuriers du dimanche va se lancer sur la piste de sa source, tout bascule quand leur théorie fantaisiste se révèle fondée. La magie arrive comme une pub dans la boite aux lettres, on y fait à peine attention et elle est déjà là.



C’est toute la force de Palahniuk, cette faculté de nous emmener où bon lui semble sans avoir l’air d’y toucher. Mine de rien comme ça, on se retrouve en compagnie de Marla, la femme qui n’a pas vraiment de cancer des testicules, et qui reçoit des coups de téléphone de l’au delà.


De Fertilité, l’arnaqueuse qui vend son ventre aux couples en mal d’enfants alors qu’elle est stérile.


De Tyler, qui s’habille à l’œil en allant demander les fringues oubliées dans les gymnases et qui est heureux depuis qu’il sait que la perfection ne dure pas.


De Denny, le branleur repenti qui trimballe des pierres dans un landau pour bâtir un édifice qu’il ne veut pas achever, simplement construire.


D’Oyster, l’activiste génial qui a inventé la contre publicité grâce à des petites annonces bidons de recours collectifs en justice visant les établissements qui lui déplaisent.


De Victor qui fait exprès de suffoquer dans les restaurants pour donner à des quidams l’occasion de lui sauver la vie et de devenir des héros.


D’Helen, agent immobilière qui arnaque ses clients en refourguant et récupérant des maisons hantées.


Ce ne sont que quelques exemples des personnages que l’on croise dans l’univers incroyable de Palahniuk. Il y’a d’autres livres que je n’ai pas encore eu le temps de lire, comme monstres invisibles pratiquement autobiographique dans l’expérience, puisqu’il y raconte comment quelqu’un de défiguré disparait petit à petit d’un monde qui refuse de le voir. Un thème déjà abordé dans Fight-club, qu’il a rédigé alors qu’après s’être fait salement cassé la gueule, il avait remarqué que les gens autour de lui essayaient de ne pas le remarquer (dans le livre, les bagarres à répétition ont complètement amoché Jack au point qu’il a un trou dans une joue, son apparence crée le vide autour de lui).


Fight-club fut un coup de bol, il était encore un mécano quand son bouquin a commencé à marcher (grâce au film assez fidèle.)

Il y’a chez Palahniuk une sorte d’instinct incroyable pour sentir l’époque, les hypocrisies et les glissements sémantiques. Ce que j’espère c’est que j’aurais su trouver les mots pour éveiller votre curiosité.

Lisez les livres de Chuck Palahniuk, vous en redemanderez.




2 avr. 2009

il fallait oser...


Ca sort un 1er avril, respect!
Vous aurez évidemment reconnu au second plan: Bulma, Tortue Géniale et heu... Je pense que c'est Chi-Chi...
Je me jette sur le DVD dés qu'il est à 4€! (probablement en septembre donc)